Col de Rey, Lozère. Des traces de dinosaures vieilles de 190 millions d’années : la mémoire du vivant révélée par la 3D

Sous nos pieds, la vie d’il y a 190 millions d’années

Sur les hauteurs de la Lozère, au cœur des Grands Causses, la roche garde le souvenir d’un monde disparu. Là, sur le site du Col de Rey, des chercheurs ont mis au jour en aout 2024 de nouvelles dalles d’empreintes de dinosaures. Elles sont exceptionnellement bien conservées.
Chaque pas, chaque enfoncement dans la boue pétrifiée raconte l’histoire d’un animal ayant traversé cette ancienne plaine littorale. Il y a près de 190 millions d’années. Ce n’est pas seulement une fouille : c’est une rencontre avec le temps profond.

Qu’est-ce qu’une fouille paléontologique ?

Une fouille paléontologique est une exploration scientifique menée pour mettre au jour, documenter et préserver des traces fossiles. Comme des ossements, des empreintes, des végétaux ou encore les sédiments anciens.
Sur le terrain, chaque geste compte. Les équipes de l’APHPL dégagent la roche centimètre par centimètre. Elles localisent des traces, qui deviennent des pistes.

Ces interventions conjuguent rigueur scientifique et émotion brute : l’instant où une empreinte apparaît sous la brosse, après des millions d’années d’obscurité, reste indescriptible.

Un chantier d’exception en Lozère

Le site du Col de Rey, situé sur la commune de Saint-Laurent-de-Trèves, prolonge la série de découvertes majeures réalisées sur les Causses lozériens, où les paléontologues recensent certaines des plus anciennes pistes de dinosaures d’Europe.
Les fouilles de 2024 ont révélé plusieurs surfaces denses en empreintes tridactyles – trois doigts marqués dans la roche. Elle sont laissées par des dinosaures bipèdes carnivores, probablement des théropodes.

Ce décor, aujourd’hui perché à 1000 m d’altitude, était autrefois une plage humide au bord de la mer de Thétis. C’est un monde disparu, figé dans la pierre, que la science fait revivre.

Mission de l’EURL Rémi Flament – Documenter, conserver, transmettre

Pour immortaliser ces traces avant qu’elles ne soient recouvertes, l’EURL Rémi Flament a été mandatée pour assurer la documentation numérique complète du site.
L’objectif : préserver numériquement un patrimoine fragile tout en fournissant aux chercheurs un outil d’étude de haute précision.

Nos interventions ont combiné :

• Photogrammétrie haute définition, à partir de capteurs photographiques professionnels Fujifilm, pour reconstituer la surface fossile à l’échelle du millimètre.
• Lasergrammétrie, à l’aide d’instruments Leica Geosystems, pour des mesures spatiales exhaustives et une topographie 3D complète du site.
• Modélisation 3D et orthophotographies scientifiques : restitution fidèle des empreintes, des pistes et de leur contexte géologique.

Chacune des 82 empreintes ont été enregistré avec une précision suffisante pour pouvoir être revisité virtuellement, étudié, ou même imprimé en 3D.

L’émotion d’une découverte hors du temps

Assister à l’apparition d’une empreinte de dinosaure, c’est voir surgir le passé. Les sillons creusés dans la roche racontent la marche d’un animal sur un sol meuble, il y a 190 millions d’années.

Sur le terrain, la fouille devient alors bien plus qu’une opération scientifique :
c’est une rencontre entre le monde des vivants et celui des traces.

L’outil numérique — photogrammétrie, scanner 3D — agit comme un témoin, une mémoire.
Grâce à lui, le site reste accessible, étudiable, partageable.

Préserver pour demain

Une fois la documentation terminée, la dalle a été recouverte et protégée afin de préserver son intégrité face à l’érosion. Mais sa mémoire, elle, est désormais sauvegardée en 3D.
Ces modèles pourront être étudiés par les scientifiques, valorisés auprès du public, ou intégrés à des dispositifs de médiation numérique : expositions, applications interactives, ou visites virtuelles.

Ce travail s’inscrit dans une dynamique plus large : faire dialoguer patrimoine scientifique et innovation technologique. En Lozère, le sol continue de livrer ses secrets, et la 3D devient un vecteur de transmission entre la science, le territoire et le grand public.

Conclusion

Les fouilles du Col de Rey, en 2024, marquent une étape majeure dans la connaissance du passé lozérien.
Elles rappellent qu’entre les strates calcaires se cache la mémoire du vivant, et que la technologie moderne — à travers la photographie, la photogrammétrie et la lasergrammétrie — permet aujourd’hui d’en révéler toute la richesse sans la détruire.